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La maquette d’hydravion d’Emile David restaurée grâce aux lycéens de Châteaubriant

Laura Midy, restauratrice de sculptures, est intervenue sur la maquette d’hydravion construite par Émile David, 19 ans, quelques mois avant d’être fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Châteaubriant. Les lycéens ayant voté la restauration des objets mémoriels, ont également admiré celle du gobelet au musée de la Résistance de Châteaubriant.

Les élèves en Bac pro Service aux personnes et animation du territoire du lycée Saint-Joseph ont choisi de restaurer les objets mémoriels du Musée de la résistance de Châteaubriant pour le Plus Grand Musée de France. Cette démarche est proposée par la Sauvegarde de l’Art Français et la Région des Pays de la Loire. Les lycéens connaissent bien le musée et son patrimoine mémoriel. Une élève a lu devant les cinq classes des Pays de la Loire engagées dans Le Plus Grand Musée de France la poignante lettre d’adieu d’Émile David à sa famille. « Je vais vous dire tout de suite que je dois être fusillé, ainsi que 26 autres camarades. Nous mourrons avec l’espoir que ceux qui resteront aurons la liberté et et le bien-être »… Il accompagnait ses pensées de « l’hydravion pour mon cher petit frère ».

La maquette de l’hydravion construite par Émile David lors de sa détention au camp de Choisel en juin 1941 © Région des Pays de la Loire

Le temps a fragilisé l’hydravion qui présente quelques manques, notamment une pale et l’hélice centrale. La structure était fragile et le bois terni par une couche d’encrassement gris. J’ai d’abord nettoyé le bois en testant différentes méthodes : gommes, solvants, avant d’opter pour un gel à base d’eau et d’agents complexant. Le fait d’utiliser un gel a pour avantage de maintenir le produit à la surface ce qui lui permet d’agir sans qu’il ne pénètre dans le bois. J’ai ensuite consolidé les zones fragiles et recollé les éléments désolidarisés avec un adhésif vinylique et de la poudre de bois. Le socle était en trop mauvais état pour supporter l’avion. En concertation avec le musée et les lycéens, il a été décidé de le restaurer de manière à permettre le montage/démontage de l’avion au besoin (mise en vitrine, transport…). Les éléments manquants n’ont pas été restitués car ils font partie de l’histoire de l’œuvre.

Laura Midy, conservatrice-restauratrice de sculptures, nettoie le bois de la maquette © Musée de la Résistance de Châteaubriant

Très intéressée par l’art et les sciences, je me suis orientée vers la préservation du patrimoine et plus particulièrement vers la conservation-restauration. Après une licence en histoire de l’art à l’UCO d’Angers, j’intègre la formation de restaurateur de sculptures de l’ESAD-TALM à Tours. Diplômée depuis 2021 du master en conservation-restauration des biens culturels, j’exerce dans toute la France comme conservatrice-restauratrice indépendante.

La restauration de la maquette d’Emile David se réalise au musée © Musée de la Résistance de Châteaubriant

Je suis habilitée à travailler sur les œuvres classées ou inscrites au titre des Monuments historiques ainsi que sur les collections des Musées de France. Je travaille donc pour des musées, des églises, des châteaux, mais aussi pour les particuliers. J’interviens sur des œuvres de toutes époques, constituées de matériaux variés : pierre, bois, plâtre, terre cuite, résine.

La maquette de l’hydravion après restauration © Région des Pays de la Loire

Mon métier est encore peu connu du grand public, et c’est toujours fascinant de voir à quel point les gens sont réceptifs et curieux lorsqu’ils le découvrent. Ils ne soupçonnent souvent pas que c’est un domaine aussi varié, où se mêlent histoire de l’art, sciences et techniques de restauration. Je ne sais pas si je suscite des vocations, mais j’aime montrer à quel point la restauration peut être un métier passionnant et si cela peut allumer une étincelle chez quelqu’un alors c’est un grand plus.

Les lycéens de Saint-Joseph ont discuté avec Laura Midy de la restauration de la maquette d’Emile David © Musée de la Résistance de Châteaubriant

« Les lycéens redonnent vie à ces objets mémoriels » commente Jean-Claude Baron, fils de la résistante Marcelle Baron, dont le gobelet a également été restauré. © Région des Pays de la Loire

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