Comment sont nées les stations balnéaires des Pays de la Loire ? Histoire maritime et fluviale des Pays de la Loire de Jean-François Henry – Éditions 303 revient sur leur création, une histoire à retrouver parmi d’autres dans cette publication de la collection Essentiels Patrimoines en région.
Du soin au loisir
La création des stations balnéaires résulte tout d’abord d’un souci d’hygiène et de santé publique. A l’instar des Anglais, les médecins conseillent à leurs riches patients de profiter des bienfaits des bords de mer dont l’air est chargé d’iode.
Le bain de mer est un fortifiant préconisé dans le traitement de certaines maladies comme l’anémie, la dépression ou l’asthme. Peu à peu, de thérapeutique, le bain de mer devient un véritable plaisir. La création de ces stations balnéaires est facilitée par l’arrivée du chemin de fer sur la côte.
Sanatorium de Pen Bron, La Turballe. ©Région Pays de la Loire – Inventaire général
En effet, après avoir gagné Nantes, le chemin de fer file vers la côte. Au nord, il longe la Loire, atteint Saint-Nazaire en 1857, Pornichet et Le Croisic en 1879. Au sud, après avoir franchi Napoléon-Vendée (La-Roche-sur-Yon), il pointe sur les Sables-d’Olonne en 1866. La Société du chemin de fer sur route de Challans arrive à Fromentine en 1896 sur la côte et propose aux voyageurs de gagner Noirmoutier par le Gois ou en bateau ou prendre la direction de la lointaine île d’Yeu.
La création des stations balnéaires
Si la raison première du déplacement en villégiature est le soin apporté à la cure, le temps consacré aux bains de mer n’est pas suffisant pour occuper toute la journée du vacancier. C’est pourquoi les stations balnéaires vont s’équiper d’installations qui vont associer l’utile à l’agréable.
Certaines stations comme celles des Sables-d’Olonne ou de Pornic s’appuient sur la présence d’une ville portuaire. Le remblai des Sables-d’Olonne, qui entoure la plage a été constitué dès le XVIIe siècle pour protéger la ville des assauts de la mer. Il devient un magnifique arc de cercle et se pare de villas et d’hôtels aux styles variés. Le Grand Casino de la Plage, à structure métallique dû à Gustave Eiffel, abrite une salle de théâtre, des salons de lecture, de conversation, de danse, de jeu et de billard…
D’autres stations comme celle de La Baule surgissent d’un environnement tout d’abord hostile. En effet, le sable avait eu raison de l’ancien village d’Escoublac au XVIIIe siècle. Il fallut le rebâtir en retrait de la dune que les habitants appellent « la bôle », c’est-à-dire un espace marin inondable. Sous le Second Empire, cette zone est plantée de pins qui fixent définitivement les dunes. Et ce sable hostile devient désormais un atout majeur.
Front de mer de La Baule, années 1950. Carte postale. ©Collection particulière
En 1879, plusieurs sociétés de lotissement sont à l’origine du développement de La Baule-Escoublac. Des villas au style inspiré des cottages anglo-normands avec de larges bow-windows surgissent au milieu des pins. En 1898, la famille Pavie créée la Société des Instituts marins et achète une quarantaine d’hectares de dunes dans le but de fonder un sanatorium patronné par le professeur Verneuil, grand spécialiste de la tuberculose.
Front de mer de La Baule, années 1970. ©Région Pays de la Loire – Inventaire général
Le front de mer se couvre de villas qui demeurent en retrait de la voirie. Leur hauteur permet de compenser leur étroitesse. Enfin, sur la plage, des toiles de tente permettent aux baigneurs de profiter de la mer à l’abri des ardeurs d’un soleil toujours redouté. Les parties de croquets, les sportsmen s’affrontent à marée basse autour d’un filet de tennis, les enfants se promènent à dos d’âne sous le regard de leurs mamans protégées par des ombrelles. Les premières cartes postales fixent le souvenir de ces moments idylliques. Le Chemin de fer d’Orléans associe dans une même affiche Pornichet, La Baule et le Pouliguen avec cette plage qualifiée de « merveille de l’océan » et qui dispute aux Sables-d’Olonne le titre de « plus belle plage d’Europe » …