Cinquième bourg étudié dans le cadre du travail d’inventaire du patrimoine actuellement mené au sein du Pays du Perche sarthois, Conflans-sur-Anille a été passé à la loupe au cours de l’été 2019.
Focus sur le bourg de Conflans-sur-Anille
Reflet de la variété de la géologie et des paysages du territoire, le bâti de chaque village comme Conflans possède un faciès propre lié aux matériaux de construction disponibles sur place ou à proximité, constituant une véritable carte d’identité. Le Pays du Perche sarthois et l’office du tourisme des Vallées de la Braye et de l’Anille proposent une visite* guidée du bourg de Conflans-sur-Anille, samedi 4 juillet 2020 à 10h.
Des maçonneries d’une large palette de couleurs
Conflans-sur-Anille est un petit bourg-rue situé aux portes de Saint-Calais, à l’est de la Sarthe et au sud du Pays du Perche Sarthois. Comme son nom l’indique, il s’implante à la confluence de deux ruisseaux, l’Axone et l’Anille (affluent de la Braye), et occupe le sommet et les pentes d’un éperon relativement étroit. Le sous-sol y est constitué d’argile à silex formée aux ères Tertiaire et Quaternaire.
La vallée de la Braye, qui marque la limite du Maine et du Vendômois, possède autour de Mondoubleau (Loir-et-Cher) une identité géologique marquée, avec notamment la présence très localisée d’importants gisements de pierres ferrugineuses de couleur rose à brun, le roussard (variété de grès) et le grison (conglomérat grossier de cailloux de diverse nature). Mais Conflans se situe aussi aux portes de la Vallée du Loir : en descendant vers le sud, l’influence de celle-ci se manifeste par l’emploi de plus en plus fréquent du tuffeau, dont la blancheur éclatante caractérise les régions ligériennes.
Maison à ouvertures en roussard (rez-de-chaussée) et en calcaire (étage), XVI-XVIIe siècle. ©P.-B. Fourny
A Conflans-sur-Anille, la rencontre de ces différentes influences engendre un bâti coloré et chaleureux. Tuffeau, roussard et grison se côtoient sur certains bâtiments antérieurs au XIXe siècle tels l’église, le manoir (actuelle mairie), ou quelques maisons anciennes, formant un contraste à vocation décorative. Utilisés en pierre de taille et réservés aux angles et aux encadrements d’ouverture, ces deux matériaux complètent et ornent une maçonnerie de moellons de grès et de silex enduits répandue dans toutes les maisons anciennes du bourg. Les couleurs des enduits varient également selon les sables utilisés dans leur composition. Par exemple, la partie basse du mur nord de l’église est rosé, témoignant de l’emploi d’un sable ferrugineux.
La généralisation de l’utilisation de la brique
La brique est employée systématiquement aux encadrements d’ouvertures et aux quelques décors (corniches) dès le XVIIIe siècle, mais se généralise véritablement au cours du XIXe siècle. A cette époque, toutes les communes ou presque possèdent leur tuilerie-briqueterie, et la démocratisation de ce matériau produit à grande échelle va de pair avec l’abandon de la construction en bois et torchis.
Maison à pan coupé et décors de brique, fin du XIXe siècle. ©P.-B. Fourny
Presque toutes les maisons, neuves ou remaniées, se voient alors pourvues de nouvelles baies encadrées de brique. Cette homogénéisation bouleverse totalement notre perception du bâti ancien. Par ailleurs, la brique est assez rarement généralisée à l’ensemble des maçonneries, sauf pour les dépendances. Sa vocation ornementale s’affirme dans la recherche de plus en plus prononcée de jeux de couleurs et de motifs (emploi de briques de couleurs différentes, vernissées ou flammées).
Lucarne et corniche en brique de la fin du XIXe siècle, jeux de formes et de couleurs. ©P.-B. Fourny
Et le bois ?
Dans cette région ponctuée de forêts, comme celle de Vibraye, et où l’argile est abondante, on ne peut négliger l’importance qu’à dû avoir dans la construction en pan-de-bois, bien qu’elle ait presque entièrement disparu dans le bourg de Conflans-sur-Anille. Seule une ancienne maison possède encore une façade en pan-de-bois. Fragile et particulièrement menacé, ce type de construction se raréfie dans les bourgs. Reposant sur un mur-bahut en pierre destiné à l’isoler du sol, la structure en pan-de-bois est formée d’un squelette de bois rempli de torchis, laissé apparent ou enduit. Certaines maisons ont également conservé sur leur pignon un bardage en planches de bois.
Façade de maison en pan-de-bois, XVe siècle (?). ©P.-B. Fourny