Le regard des experts Sarthe

L’ancien hospice de Montfort-le-Gesnois

Au cœur de Montfort-le-Gesnois, en Pays du Perche sarthois, s’élève un bâtiment remarquable à plus d’un titre : l’ancien hospice conçu à la fin du XIXe siècle par l’architecte Pascal Vérité, originaire de Montfort, actuellement résidence pour personnes âgées Amicie. 

Par ses nombreuses donations et réalisations, la famille de Nicolaÿ, châtelains de Montfort, a offert à Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes (communes fusionnées en 1986 sous le nom de Montfort-le-Gesnois) plusieurs édifices publics remarquables. Ainsi, pour la construction d’un nouvel hospice commun, le point central de l’agglomération est choisi par le marquis Aymard-Marie-Christian de Nicolaÿ. Les plans sont dressés par l’architecte Pascal Vérité, proche de la famille (son père avait été régisseur du château de Montfort).

Les travaux sont réalisés en 1878-1879 entièrement aux frais de M. et Mme de Nicolaÿ. Ces derniers se font représenter sur la façade de la cour d’honneur par les statues de leurs saints patrons, Adélaïde et Aymard. L’établissement, confié à la gestion des sœurs de la congrégation de la Charité d’Évron, ouvre le 3 décembre 1879. Cinq sœurs y sont alors affectées : deux pour les malades et vieillards, assistées d’une infirmière et d’un médecin qui vient selon les besoins, trois pour l’école.

La cour d’honneur de l’hospice. ©P.-B. Fourny

Les plans de cet ensemble très moderne pour l’époque ont été publiés en 1880 dans la revue Le Recueil d’Architecture, rubrique Architecture civile, section Édifices sanitaires. Le curé de Pont-de-Gennes Alphonse Robveille écrit à son sujet au début du XXe siècle : « Deux vastes salles, dans chacune desquelles s’alignent huit lits aux blancs rideaux, une chapelle où les malades peuvent remplir leurs devoirs religieux, de belles dépendances, ont fait donner à cette maison le nom populaire de Palais des Pauvres ».

L’intérieur de la chapelle. ©P.-B. Fourny


Une partie des bâtiments, du côté de la rue, est réservée à l’école de filles de Pont-de-Gennes. Les façades sont pour la plupart élevées en brique apparente, avec un solin et des chaînages harpés de pierre de taille calcaire marquant les angles, les travées et les encadrements d’ouvertures. L’entrée principale est précédée d’une cour d’honneur enserrée sur trois côtés par des bâtiments. L’ensemble présente un plan symétrique organisé autour de la chapelle, au centre de la composition. La date de 1231 portée sur la façade fait référence à la date toute hypothétique de fondation de l’institution, et 1879 renvoie à la construction des bâtiments actuels.

Les façades sur jardin. ©P.-B. Fourny

Placée sous le vocable de Sainte-Marie-Madeleine, la chapelle de style néogothique compte une unique travée et un chœur à cinq pans. Le principal vitrail, de l’atelier Lobin de Tours, figure Marie-Madeleine et l’épisode de sa rencontre avec le Christ. Depuis les deux grandes salles des malades de part et d’autre de la chapelle, deux ouvertures pourvues de panneaux amovibles en bois permettaient de suivre les offices. En 1984-1985, l’établissement fait l’objet d’importants travaux d’agrandissement et de mise aux normes. Un nouveau projet d’extension et de modernisation est actuellement à l’étude, en respectant le cachet des bâtiments de 1879.

L’inventaire du patrimoine du bourg de Montfort-le-Gesnois, mené en 2019, a fait l’objet de plusieurs restitutions au public (visites guidées lors des Journées Européennes du Patrimoine, conférence…).

Ces articles peuvent vous intéresser

Toutes les actualités

En direct #PDLPatrimoine