Le Rendez-vous de l’Inventaire prévu le vendredi 10 avril 2020 à Tuffé Val de Chéronne est annulé et reporté à une date ultérieure. Nous vous invitons à découvrir la petite histoire du plan d’eau de Tuffé Val de la Chéronne, qui attire aux beaux jours de nombreux campeurs et promeneurs.
Aménagement du site
Aménagé à partir de 1970, le plan d’eau est l’un des premiers réalisés en Sarthe. Il occupe en partie l’emplacement de l’ancien grand étang des moines du prieuré Notre-Dame, lesquels ont façonné l’environnement du bourg par leurs aménagements hydrauliques. Cet étang a disparu à la fin du XVIIIe siècle, ne laissant que de maigres traces.
Le plan d’eau, carte postale du 4e quart du XXe siècle (collection particulière). ©P.-B. Fourny
Selon le cartulaire de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans, dont dépendait le prieuré de Tuffé, l’étang des moines sur la rivière Chéronne aurait été creusé aux environs de 1100. Réserve importante de poisson pour le monastère, il était régulièrement pêché. D’après Julien-Rémy Pesche, rapportant plusieurs chartes médiévales, Geoffroy Morin, seigneur d’un fief des environs, probablement Chéronne, y aurait fait noyer, vers 1190-1200, un des moines du prieuré, Robert de Vallencières. En punition de son crime, il aurait été condamné par le sénéchal du Maine, en présence d’Aliénor d’Aquitaine, à donner « à perpétuité aux moines la juridiction qu’il avait sur le bourg de Tuffé », les places ou halles qu’il y possédait, ainsi que deux métairies dont une située entre la chapelle de Beaumont (disparue) et la queue de l’étang.
L’ancien grand étang du prieuré de Tuffé
L’emplacement du plan d’eau actuel de Tuffé Val de la Chéronne correspondrait approximativement à celui de l’ancien grand étang du prieuré de Tuffé, disparu avant la Révolution. Toutefois, contrairement à une tradition voulant qu’il se plaçait en amont du petit étang du moulin (encore en place) et remontait jusqu’au château de Chéronne, les documents d’archives consultés au cours de l’inventaire du patrimoine révèlent que la tête de la pièce d’eau avançait jusqu’au cœur du bourg. Ceci qui explique l’importance de la digue que surmonte l’actuelle rue de l’Étang, où se trouve l’ancien moulin.
C’est ce que suggère le plan terrier du prieuré dressé entre 1757 et 1759, qui situe au niveau du pont du bourg « les portes de l’étang de Tuffé ». Ceci est confirmé par les papiers d’une affaire de 1827-1828 consécutive à la construction d’une maison bordant cette rue. On y apprend que la maison a été édifiée sur un pré qui était autrefois partie du grand étang dont un plan sommaire mentionne la bonde (évacuation) au niveau du pont. Celle-ci est d’ailleurs toujours visible.
L’équipement phare de la « station verte de vacances »
En 1964, la municipalité de Tuffé décide d’étudier la possibilité de se doter d’un équipement touristique pour postuler au titre de « station verte de vacances ». En 1968, un avant-projet d’un plan d’eau de 16 à 17 hectares, estimé à 850 000 francs, est réalisé. Il doit « permettre la fréquentation touristique sur la commune » ainsi que le développement des sports nautiques, pour la région de Tuffé mais aussi l’agglomération mancelle, à l’image du plan d’eau de Sillé-le-Guillaume.
Le projet des équipements du plan d’eau, 1971 (AM Tuffé, 5 M 5). ©P.-B. Fourny
La réalisation d’un projet complet est confiée au Génie Rural des Eaux et Forêts. Le plan d’eau projeté doit s’étendre en amont de l’agglomération de Tuffé, en aval du château de Chéronne partiellement classé Monument Historique, hors du périmètre de protection règlementaire. L’année suivante, on commence de longues démarches d’acquisition des terrains et on procède à l’enquête hydraulique.
En 1970, la première tranche des travaux, à savoir les principaux terrassements pour l’établissement de la cuvette de l’étang, la création des digues avec les matériaux extraits compactés et la confection des ouvrages hydrauliques, sont réalisés par l’entreprise Bourdin et Chaussé de Carquefou. Les travaux de canalisation de la Chéronne sont confiés à l’entreprise Guérin.
Une seconde tranche est réalisée en 1971 par l’entreprise Morin pour la finition des travaux de terrassements, l’aménagement des abords, le nivellement et le compactage des chemins de circulation, les plantations d’arbres et les chemins d’accès. Les troisième et quatrième tranches, qui concernent les équipements touristiques des abords du plan d’eau, sont menées à bien en 1972 et 1973. Le plan d’eau est ainsi doté d’une base de loisirs avec plage, d’un camping, d’un parking et autres commodités.
Le chemin de fer touristique de Beillé à Bonnétable longeant le plan d’eau. ©P.-B. Fourny
L’inauguration a lieu le 28 septembre 1972, en présence de Christian Bonnet, sous-secrétaire d’État à l’Équipement et au Logement et du préfet de la Sarthe. Un centre nautique est créé en 1975, une salle des fêtes est construite en 1982-1983, puis un mini-golf en 1987, un bar-restaurant en 1992. D’autres équipements imaginés dès la genèse du projet ne seront jamais réalisés (garderie d’enfants avec ferme miniature, grand chapiteau avec centre commercial, bassins et jeux d’eau…). Le plan d’eau est desservi par le chemin de fer touristique de Beillé à Bonnétable animé par la Transvap’.