Construite d’après les plans de l’architecte Christian Cochy, la nouvelle école maternelle Elisa Lemonnier ouvre en 1986, cent ans après la première. Liée au projet de redynamiser le quartier de Méan-Penhoët, elle est le premier établissement public bio-climatique de la commune.
Avant l’école
La première école maternelle Elisa Lemonnier ouvre en 1886, en même temps et sur le même site, qu’une école pour filles (Clémence Royer) et qu’une école pour garçons (Paul Bert). A la fin des années 1930, le groupe scolaire fait l’objet de travaux d’agrandissement et de rénovation, suivant les plans de l’architecte Chaney. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le chantier est interrompu et le site occupé par les Allemands qui y aménagent notamment une piscine. Très endommagés par les bombardements, les locaux sont partiellement investis après la Libération par les bureaux des chantiers, avant d’être totalement rénovés. Au début des années 1980, le maire Joël Batteux souhaite redynamiser le quartier de Méan-Penhoët dont la population, majoritairement ouvrière, décroit. Il ambitionne la réalisation d’un programme de logements HLM ainsi que la construction d’une nouvelle école maternelle bioclimatique, à l’emplacement du premier édifice, impliquant par la même sa destruction.
Les anciennes écoles de Penhouët ©Archives de Saint-Nazaire
Une école bioclimatique créée autour des besoins des enfants
Christian Cochy, dont c’est la première commande publique, est retenu pour la construction de l’établissement scolaire. Il associe l’équipe enseignante, les parents d’élèves et les maîtres d’ouvrage aux réflexions menées sur le projet et entreprend un tour de France des écoles maternelles bioclimatiques. Il en visite huit et constate le résultat énergétique mitigé de ces établissements : les classes restent sombres et surchauffent l’été. Pour compléter ses connaissances, il suit plusieurs formations dans le domaine des énergies renouvelables et de l’enseignement. Ainsi, il propose un édifice pensé de manière à optimiser l’énergie solaire été comme hiver et autour des besoins spécifiques des enfants : les ouvertures et le mobilier sont adaptés à leur taille et des espaces ludiques sont créés.
Vue d’une salle de classe ©Christian Cochy. Don de Madame Cochy – Archives de Saint-Nazaire 47J
Dans le but d’éveiller des émotions chez les futurs petits élèves, l’architecte travail sur la diversité des volumes et de la lumière. Il pense les classes comme des ateliers d’artistes et opte pour des murs intérieurs blancs, contrairement à ce qui faisait alors : les travaux des enfants apporteront la couleur. Sur sa proposition, les trois frontons des élévations sud sont réservés au 1% artistique. L’artiste Fabrice Hybert est chargé d’en réaliser le décor. Les travaux débutent en février 1985 et l’école accueille ses premiers enfants l’année suivante. En 2005, les panneaux localisés sur les trois frontons sont refaits par Fabrice Hybert.
Un projet novateur reconnu
L’école maternelle Elisa Lemonnier est implantée dans le quartier de Méan-Penhoët. Elle se trouve au centre d’un ilot desservi par la rue de Trignac où sont également implantés l’école primaire publique Paul Bert et l’Institut Médico-Educatif Clémence Royer. L’édifice s’inscrit dans un plan irrégulier. Il s’organise autour d’une allée centrale, la « ruelle » comme désignée par l’architecte, dont la fonction est de capter la lumière et de desservir les différentes pièces : les salles de classes situées au sud, ainsi que la salle de repos et les sanitaires localisés nord. Grâce à sa couverture entièrement vitrée et équipée de panneaux amovibles, la ruelle capte un maximum d’ensoleillement en toutes saisons et assure un éclairage en second jour par l’arrière aux différentes pièces.
Vue de la ruelle ©Christian Cochy. Don de Madame Cochy – Archives de Saint-Nazaire 47J
Au centre du couloir vitré, un espace bibliothèque est aménagé plus bas que le niveau du sol. Dédié à la lecture de contes, il est doté d’une cheminée. Les salles de classes sont largement ouvertes au sud. Les fenêtres et les portes vitrées sont à hauteur d’enfant tandis qu’un hublot installé en hauteur permet de suivre la course du soleil. Les classes sont également dotées d’une mezzanine aménagée côté nord et accessible par un escalier. Les espaces sont en grande partie composés de cloisons vitrées afin de faciliter la circulation du regard. Les toilettes ont la même conception : ils disposent d’une vue sur la fontaine centrale. Eclairée par un puits de lumière, elle sert au nettoyage des mains et à travers sont écoulement continu, favorise les jeux d’eau.
Le bâtiment était à l’origine équipé d’un chauffage d’appoint au gaz et d’un régulateur électronique. Ce système, spécialement conçu pour l’école, permettait de ne la chauffer que lorsque nécessaire. En 1988, l’école Élisa Lemonnier reçoit le prix « Architecture, Ambiances et Énergie », alors tout juste créé, (premier prix ex æquo) par le Ministère de l’Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer pour « l’importance du travail de conception architecturale dans la maîtrise des paramètres de confort et d’ambiance, ainsi que l’apport des technologies et techniques nouvelles qui lui sont liées pour y parvenir : la thermique, l’acoustique, la lumière naturelle et artificielle, l’énergie au sens large ». Depuis quelques années, la cheminée et la fontaine sont inactives.
Plans et élévations de l’école ©Christian Cochy. Don de Madame Cochy – Archives de Saint-Nazaire 47J