L’église Saint-Hilaire, sur la commune de Terval, est l’un des édifices les plus caractéristiques de l’architecture religieuse du XVe siècle en Vendée. Mathilde Pubert, chercheuse et doctorante, vous invite à (re)découvrir cet édifice dans le cadre de l’inventaire qu’elle mène sur les églises flamboyantes du Bas-Poitou (Vendée).
L’église Saint-Hilaire possédait jusqu’à la Révolution une double fonction paroissiale et priorale gérée par le même individu, le prieur-curé. La première mention connue du prieuré de Breuil-Barret date du XIIe siècle.
Une église caractéristique du XVe siècle
L’église est réédifiée au XVe siècle, en conservant de manière éparse un bâti plus ancien au niveau du mur sud. Elle adopte un plan à deux vaisseaux, un chevet plat et un clocher surmontant la première voûte méridionale. Cette disposition fait écho à une église majeure du territoire : Notre-Dame de Fontenay-le-Comte. Cette dernière arborait en effet un plan identique avant d’être agrandie à la fin du XVe siècle. L’église Saint-Hilaire est caractéristique de l’architecture du siècle dans lequel elle s’inscrit. Depuis l’extérieur, l’aspect général est trapu et hétérogène. À l’inverse, le volume intérieur apparaît comme homogène, presque léger malgré la taille importante des piliers. La rigueur des lignes et le bombement marqué des voûtes contribuent à créer une surprenante sensation d’élévation.
Terval, église Saint-Hilaire de Breuil-Barret, vue de la nef © Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
Une porte…dans une porte ?
La récente restauration de l’édifice réalisée par l’agence nantaise POST Architecture et Patrimoine a donné lieu à des découvertes inédites qui complètent l’histoire de ce monument emblématique du bourg de Breuil-Barret. Le dégagement de l’ancienne porte occidentale au profit d’un nouvel accès PMR (Personne à Mobilité Réduite) a ainsi révélé bien des surprises. Une trentaine de pierres taillées ont été retrouvées dans le comblement et conservées pour être étudiées.
Au sein de cet ensemble de pierres taillées, toutes en calcaire, 15 arborent un dessin similaire, si ce n’est identique. Une analyse menée par Mathilde Pubert a permis de restituer les contours d’une ouverture d’environ 2,50 mètres de hauteur pour un passage d’environ 90 centimètres. Seuls deux morceaux manquent pour restituer le dessin complet. Mais quelle était la fonction de cette baie et d’où peut-elle provenir ? La nature du calcaire, les traces d’outils et la forme des moulures correspondent à un travail sculpté datable de la fin Moyen Âge. Concernant la fonction, l’appui, c’est-à-dire le seuil, étant surélevé, il est peu probable que cette ouverture puisse être une porte. Néanmoins, elle ne présente pas non plus de feuillure pour recevoir un verre. Cette baie, quelle que soit son utilisation, appartenait probablement à l’église ou à un bâtiment adjacent ayant été détruit.
La période à laquelle la porte occidentale fut comblée reste elle aussi incertaine. Dans une lettre de 1825, Charles Guichet, détenteur depuis 1796 des terres et bâtiments accolés à l’église, spécule sur les demandes de la municipalité concernant l’édifice, dont il fut propriétaire jusqu’en 1824. Il précise alors : « Il y avait jadis une grande porte à l’occident, une ordonnance en autorisera l’ouverture, mon jardin et le terrain réservés au midi formeront le parvis ». La condamnation de la porte semble donc bien antérieure au début du XIXe siècle.
Terval, église Saint-Hilaire de Breuil-Barret, dessin proposant de restituer une ouverture à partir des pierres trouvées dans le comblement du portail occidental © Région Pays de la Loire – Inventaire général. M. Pubert
Des combles fortifiés
Si l’église du XVe siècle n’a été que peu modifiée, elle ne possède plus sa charpente et couverture d’origine. Un œil avisé pourra observer le long du clocher les pierres supportant le toit initial. La restauration récente de l’église s’est largement portée sur la couverture et les combles, ces derniers présentant une disposition singulière. En effet, près de la moitié des combles de l’édifice sont pleins, c’est-à-dire remplis de gravats, de pierres et de tuiles. Au sein de cet amas, un couloir menant à une petite casemate a été aménagé à une date indéterminée. Les ouvertures de surveillance et de tirs laissent supposer une construction lors des guerres de Religion dans la seconde moitié du XVIe siècle, les conflits entre catholiques et protestant ayant été particulièrement violents dans la région. Au début du XVIIe siècle, l’édifice est pourtant en bon état. La visite pastorale de 1601 évoque une église « fort bien voultée et couverte et ornée ».
Terval, église Saint-Hilaire de Breuil-Barret, vue des combles. © Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson