Mathilde Pubert, chercheuse et doctorante, réalise l’inventaire des églises flamboyantes du Bas-Poitou, ancien territoire correspondant aujourd’hui essentiellement à la Vendée. L’étude menée sur les églises de La Pommeraie-sur-Sèvre (commune de Sèvremont) et du Boupère, dont les datations étaient incertaines, nous révèle une architecture tournée vers le passé à la toute fin du Moyen Âge.
À la demande de la Région, des dendrochronologies, méthode de datation du bois à la date d’abattage, ont été menées par l’entreprise Dendrotech sur les charpentes anciennes encore en place dans les combles des deux églises.
Des charpentes de la fin du XVe siècle
Dans l’église de Saint-Martin de La Pommeraie-sur-Sèvre, les bois de la charpente, un ensemble très homogène et peu modifié au cours des siècles, ont été abattus entre 1485 et 1488. Au-dessus des premières voûtes de la nef de l’église Saint-Pierre du Boupère, les bois furent coupés durant l’automne ou l’hiver 1491-1492. Au Moyen Âge, les bois ne sont pas séchés. Ils sont taillés verts et mis en place peu de temps après leur abattage.
Le Boupère, église Saint-Pierre, charpente de la nef (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
Une cohabitation difficile avec les voûtes
Dans les deux églises, les voûtes d’ogives sont dites bombées. Cette technique apparaît dans l’ouest de la France au XIIe siècle et connaît un fort succès dans les églises du XVe siècle en Bas-Poitou. Depuis les combles, la courbure de ces voûtes forme de grands amas de pierres de plus de 2 mètres de hauteur. La cohabitation est parfois difficile avec les longues pièces de bois. À La Pommeraie-sur-Sèvre, la charpente est posée avant la construction des voûtes. Ces dernières, un peu trop larges, butent ainsi directement contre les entraits, les grands bois horizontaux.
La Pommeraie-sur-Sèvre, église Saint-Martin, détail d’un entrait de la charpente (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
Une architecture tournée vers le passé
Si la sculpture des chapiteaux évoque plutôt le XIIIe ou le XIVe siècle, l’étude archéologique couplée aux analyses des charpentes nous a révélé que ces églises appartiennent aux dernières décennies du XVe siècle. Cette situation n’est pas surprenante. À la fin du Moyen Âge, chaque région redécouvre son passé artistique. Les bâtisseurs des églises flamboyantes trouvent alors l’inspiration dans les anciennes églises qu’ils peuvent observer autour d’eux.
Le Boupère, église Saint-Pierre, vue de la nef (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
En haut : Le Boupère, église Saint-Pierre, vue d’un pilier de la nef ; La Pommeraie-sur-Sèvre, église Saint Martin, vue de la nef puis détail d’un chapiteau.
En bas : Le Boupère, église Saint-Pierre, oculus de la façade vu depuis l’intérieur.
En haut de page : La Pommeraie-sur-Sèvre, église Saint-Martin, modillons du clocher.
(c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson