Le décor peint de l’ancienne église du Vieux-Bourg de Saint-Sulpice-des-Landes témoigne de la vie intellectuelle et religieuse au XVe siècle. Classé monument historique, acquis par le Département de Loire-Atlantique pour sa sauvegarde, l’édifice dévoile ses secrets grâce à l’étude de ses peintures murales dans le cadre d’un partenariat avec la Région des Pays de la Loire et à la publication d’un ouvrage.
Trois questions à Christian DAVY, docteur en histoire de l’art et chercheur au service du Patrimoine de la Région et spécialiste du décor médiéval peint.
Pourquoi le décor peint de Saint-Sulpice-des-Landes est-il exceptionnel ?
Les peintures murales couvrent encore la quasi-totalité des murs et de la voûte : une surface d’environ 400 m2 est visible aujourd’hui malgré les vicissitudes du temps. Le décor résulte de trois campagnes successives distinctes. La première a été réalisée entre 1447 et 1456, la seconde peu après 1456 et la troisième à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Il est exceptionnel par sa multiplicité, son étendue et sa qualité, contrastant avec la modestie du bâtiment religieux extérieur.
Les peintures murales de l’ancienne église de Saint-Sulpice des Landes © Région des Pays de la Loire, Inventaire général. D. Pillet et Y. Guillotin
Que représentent les peintures murales ?
Pas moins d’une cinquantaine de scènes content sur les parois l’histoire de la Rédemption de l’homme après sa faute originelle. Des thèmes iconographiques rares sont représentés : l’archange Michel donnant des outils de travail à Adam et Eve, l’accueil du Christ par Dieu le Père devant la Jérusalem céleste, le sort de Judas ou la multiplicité des apparitions du Christ ressuscité.
L’Archange Michel donne les instruments de travail à Adam et Eve. © Région des Pays de la Loire, Inventaire général. D. Pillet et Y. Guillotin
Ces choix iconographiques témoignent d’une volonté forte de transmettre au public un message éclairé à une communauté réduite, sans doute pauvre et peu instruite. Le commanditaire pourrait être le seigneur de la Motte-Glain. Les peintres, même s’ils restent inconnus, doivent être considérés comme de véritables artistes.
Les peintures murales de l’ancienne église de Saint-Sulpice des Landes © Région des Pays de la Loire, Inventaire général. D. Pillet et Y. Guillotin
Quelle est la technique utilisée ?
Les peintres utilisent une technique courante au Moyen Âge qui débute à la fresque pour les fonds et les aplats. Ensuite ils passent à une peinture sur enduit sec pour réaliser les détails. Ceci explique l’usure avancée de la matière picturale, qui le plus souvent ne laisse voir que les aplats colorés des premières couches tandis que les détails originels ont disparu.
Les peintures murales de l’ancienne église de Saint-Sulpice des Landes © Région des Pays de la Loire, Inventaire général. D. Pillet et Y. Guillotin
En savoir plus :
Christian DAVY, L’église de Saint-Sulpice-des-Landes, édition Grand patrimoine de Loire-Atlantique, 2016. 10 €