Coupé en deux par la construction d’une route en 1883 et partagé depuis entre quatre propriétaires depuis, le château de Bouillé, situé dans la commune de Torcé-Viviers-en-Charnie, est aujourd’hui en ruines. Seules trois tours subsistent, ce qui pose de nombreux problèmes d’analyse et de datation. Toutefois, des fragments ont été retrouvés éparpillés tant au-dedans de l’enceinte qu’au-delà, dans des fermes, ceux-ci constituent de véritables indices, qui permettent de se faire une meilleure idée de l’importance de l’ancien château.
Des fragments épars
Attesté au XVe siècle, le château de Bouillé n’a laissé que peu de traces dans les sources écrites. Toutefois, on sait que le logis était à l’état de ruines dès le XVIIIe siècle. Comme c’est souvent le cas, des éléments du château ont été remployés dans d’autres constructions. Ainsi, des fragments en granite ont notamment été retrouvés dans des murs des fermes voisines de Soltru et de Baladé.
Deux éléments sculptés se distinguent des autres pierres de taille utilisées comme meneaux ou traverses de baies. Un animal orne la crossette d’un rampant de pignon et une tête humaine, dont la localisation d’origine n’a pas pu être déterminée.
Celui-ci décore actuellement le milieu d’un du mur d’un corps de bâtiment daté de la fin du Moyen Âge ou du début du XVIe siècle. Cependant, cet élément décoratif a pu être installé bien après, comme l’animal l’a été au XIXe siècle.
Étable, mur pignon sud, détail : tête sculptée placée en remploi dans la maçonnerie. ©F. Lasa
Un autre fragment, en tuffeau cette fois-ci, pourrait être le dernier témoin d’une lucarne de style renaissance. Était-elle placée au-dessus de la galerie mitoyenne de la chapelle du château évoquée par les textes ?
Élément isolé d’une décoration de lucarne : vue vers le nord-ouest. ©F. Lasa
Les douves comblées en partie révèlent une part de l’histoire militaire du château de Bouillé
Longtemps considéré dans des souterrains dans l’imaginaire collectif, un ouvrage de défense construit dans les douves s’est trouvé enseveli lors du comblement des douves. Les études sur le château de Bouillé ont permis de restituer le plan et la fonction de cette construction. Elle en constitue l’une des traces matérielles la plus « visible » – avec les trois tours nord-ouest, sud-ouest et sud-est, dite la tour du Trésor – de l’existence du château.
Au cours d’une phase de transformation, la porte cochère et piétonne de l’ancien château a été complétée d’un bâtiment construit dans la douve. Celui-ci, détruit dans sa partie supérieure, est enterré depuis le comblement de la douve. Il avait la fonction de passage et de défense. La partie « souterraine » est constituée d’une salle allongée dotée de cinq niches de tir.
Les douves enterrées de l’ancien château de Bouillé ©Y. Guillotin
Assurément antérieur aux réaménagements du château entrepris au début du XVIIe siècle, le système défensif des douves, construit au cours du XVIe siècle, et certainement liés aux troubles occasionnés par les guerres de Religion qui obligèrent les seigneurs locaux à renforcer et à perfectionner leurs systèmes de défenses.