Construit d’après les plans de l’architecte Michel Roux-Spitz, l’hôtel de ville de Saint-Nazaire est inauguré le 28 février 1960 en conclusion de la phase officielle de la Reconstruction. Lieu emblématique où siège le maire, la municipalité ainsi que quelques-uns des principaux services nécessaires au fonctionnement d’un territoire comme l’Etat-civil, l’Urbanisme, ou encore les Archives, l’édifice est labellisé architecture contemporaine remarquable depuis 2016.
Nouvelle orientation, nouvel hôtel de ville
Le 28 février 1943, la première mairie de Saint-Nazaire, construite en 1855 d’après les plans de l’architecte Lhotellier et autrefois localisée au nord de l’actuelle place du Commando, est entièrement détruite. Si, dès 1940, la ville connait plusieurs épisodes de bombardements, ceux de 1943 sont particulièrement destructeurs. Saint-Nazaire est déclaré « ville sinistrée » par arrêté le 31 mars de cette même année. Le 2 juin, Noël Le Maresquier est officiellement désigné « architecte en chef de la reconstruction de Saint-Nazaire »
L’hôtel de Ville de Saint-Nazaire, vers les années 1910-1920. Carte postale, 2Fi/7. ©Archives de Saint-Nazaire
Architecte-urbaniste, il redessine le cœur urbain en déplaçant notamment, le pôle commercial de la ville d’avant-guerre de près de 300 mètres vers d’ouest. Il s’appuie sur la rue Jean d’Ust déjà existante, la prolonge de chaque côté et y implante la gare au nord et l’hôtel de ville au sud. Ce nouvel axe urbain central, baptisé « avenue de la République », devient la nouvelle artère marchande de Saint-Nazaire.
Aménagements successifs
En 1946, Michel Roux-Spitz, alors architecte en chef de la reconstruction de la ville de Nantes, est retenu pour établir les plans de la nouvelle mairie. Le paysagiste Albert Audias est quant à lui chargé de traiter les abords du site. Les nombreux échanges entre la municipalité et Michel Roux-Spitz témoignent du souci de respecter un budget déterminé. L’idée d’un beffroi abritant les archives et surplombant le bâtiment est abandonnée. La première pierre est officiellement posée le 30 décembre 1955. A la mort de Michel Roux-Spitz en 1957, son fils Jean assure la fin du chantier. Le nouvel hôtel de ville est inauguré le 28 février 1960, en conclusion de la phase officielle de la Reconstruction. La date retenue commémore la destruction de la première mairie.
En 1982, la loi du 19 novembre fixe le nouveau nombre de conseillers municipaux à 49 membres pour les communes de 60 000 à 79 999 habitants. L’ancienne salle du conseil municipal autrefois située au quatrième étage s’avère trop petite. Un nouvel espace dédié à cet usage est aménagé au deuxième étage dans l’ancienne salle des fêtes et des réceptions. Ce transfert occasionne quelques modifications, notamment le remplacement des parois vitrées par des cloisons pleines, au nord. Dans les années 1990, le hall subit quelques modifications. En 2016, l’hôtel de ville est labellisé « Patrimoine XXe », aujourd’hui « Architecture contemporaine remarquable ». En 2018 et 2019, des travaux de réhabilitation sont effectués : les ouvertures sont remplacées et le hall est refait.
Équilibre et monumentalité
L’hôtel de ville de Saint-Nazaire se situe au sud de l’avenue de la République, face à la place François Blancho, le dos tourné à l’estuaire. Il s’inscrit dans un plan rectangulaire de 90 mètres de longueur et 15 mètres de largeur. Il s’organise sur cinq étages. Les élévations nord et sud sont dépourvues de décors. Parfaitement symétriques, elles sont très dynamiques avec leurs lignes horizontales et verticales créées, notamment, par les différentes ouvertures.
Vue depuis l’hôtel de ville de Saint-Nazaire. ©Y. Guillotin
Le rez-de-chaussée haut est accessible depuis la place par une succession d’escaliers extérieurs ainsi que par deux longues rampes latérales. L’ensemble mène au hall, qui avec la salle du conseil municipal et la salle des mariages, est percé de larges baies. Ces pièces ainsi que quelques bureaux des rez-de-chaussées bas et haut sont en saillis, au centre de l’élévation principale. Ailleurs, la façade est percée d’ouvertures rectangulaires semblables. L’élévation postérieure est dépourvue de rampe d’accès mais connaît la même organisation : une avancée centrale en saillie et des ouvertures identiques. L’ensemble est couvert d’un toit terrasse supportant deux corps de bâtiments également à toit plat.
A l’intérieur, chaque niveau, hormis le dernier, se compose d’un long couloir de part et d’autre duquel se répartissent les bureaux. Dans le hall et au premier étage, l’espace est scandé de piliers. Les étages sont accessibles par des escaliers intérieurs situés à l’ouest et à l’est. Un escalier monumental en Y permet d’accéder au premier étage depuis le hall. L’édifice possède également plusieurs ascenseurs, dont un extérieur côté sud.
L’hôtel de ville conserve quelques éléments de mobilier d’origine dessinés par des artistes-décorateurs et des designers, tels des bureaux signés Maxime Old, des porte-manteaux dits « clés de sol » de Roger Ferraud, ou encore une tapisserie de Jean Picart Le Doux située dans le bureau du maire.
Bureau du maire, vue de la tapisserie de Jean Picart Le Doux. ©Mission Patrimoines