L’ancienne usine élévatoire vient d’être inscrite au titre des monuments historiques. Une belle reconnaissance pour les 110 ans de cet édifice singulier, repérable dans le tissu urbain de Saint-Nazaire, à sa haute cheminée.
Un site emblématique
L’ancienne usine élévatoire se dresse dans l’emblématique quartier du Petit Maroc. Le lieu, berceau du Saint-Nazaire d’autrefois, connaît de profondes mutations, parmi lesquelles l’aménagement des deux bassins du port entre 1856 et 1872. A la fin du XIXe siècle, un autre chantier d’envergure voit le jour : la construction, au sud d’un nouvel accès au site. Le projet destiné à répondre à l’essor du trafic maritime et à l’augmentation du tirage des navires est pharaonique. Les travaux s’étendent de 1896 à 1907 et coupe littéralement le vieux Saint-Nazaire en deux. Le cœur ancien de la cité est à jamais transformé et la chapelle Notre-Dame d’Espérance qui veillait sur lui est détruite.
Presqu’à son emplacement, on érige entre 1904 et 1907, une usine de fabrication d’électricité chargée de fournir l’éclairage à l’avant-port et à l’écluse. Puis, entre 1909 et 1911, une usine élévatoire, dont la fonction est de pomper l’eau de mer pour compenser les pertes dues à l’évaporation, aux éclusages et aux fuites dans les bassins. Un niveau trop bas et les navires risquaient de toucher le fond.
L’ancienne usine élévatoire. ©Y. Guillotin
Un fonctionnement complexe
Avec ses 40 mètres de hauteur, la cheminée de brique rappelle le fonctionnement au charbon du bâtiment. En 1920, une pompe électrique de 400 cv est ajoutée aux trois pompes centrifuges à vapeur de 350 cv d’origine. Par chance, l’édifice est épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et modernisé en 1947.
Les machines sont remplacées par une pompe électrique de 450 cv et deux pompes de 500 cv fonctionnant avec des moteurs diesel. L’usine élévatoire reste en service jusqu’en 1993, année d’installation d’un système de pompes automatiques qui conduit à sa fermeture. Propriété du Port de Nantes-Saint-Nazaire, l’ancienne usine électrique abrite pendant plusieurs années les bureaux du dragage du port autonome.
Salle des machines. ©D. Pillet
Une reconnaissance attendue
Le bâtiment est bien préservé, il a subi peu de modifications. La mise en œuvre, les matériaux choisis et les éléments de décors révèlent un édifice de grande qualité. A l’intérieur, la salle des machines abrite un ancien pont roulant. Les systèmes de commandes des vannes, les moteurs électriques, les moteurs diesels ainsi que les pompes ont également été conservés. Sous ces airs de bâtiment public déjà vu, l’ancienne usine élévatoire est aujourd’hui la seule en France à être associée à un estuaire et non à un canal. Son inscription au titre des monuments historiques s’inscrit dans la démarche de sauvegarde du patrimoine du label Ville d’art et d’histoire. Avec ce nouveau statut le bâtiment bénéficie d’une protection dans sa mise en valeur, sa restauration et son ouverture au public.