Deux édifices emblématiques de Saint-Nazaire, l’église Saint-Anne et la salle des sports dite « la Soucoupe », déjà labellisées « Patrimoine remarquable du XXe siècle » en 2017, viennent d’être inscrits au titre des Monuments historiques, en raison de leur intérêt historique, artistique, architectural et technique remarquable.
L’église Sainte-Anne, une architecture singulière magnifiée de nombreux artistes
L’église Sainte-Anne est située au Soleil-Levant, quartier en plein développement au lendemain de la Libération. Construite entre 1956 et 1959 d’après les plans de l’architecte Henri Demur, elle remplace une première construction érigée dans le quartier de la Matte, détruit durant la dernière guerre. Réalisé en béton banché, brut de décoffrage et légèrement armé, l’édifice est un grand parallélépipède couvert d’une toiture à croupe triangulaire. Un imposant porche marque l’entrée et mène à une nef unique, au tiers de laquelle se tient l’autel. Cette architecture simple et sans fioriture est mise en valeur par les interventions de plusieurs grands créateurs de l’époque. A l’extérieur, les deux piliers sont ornés de scènes de construction navales en mosaïque réalisée d’après les dessins de l’affichiste Paul Colins. Cette œuvre, Intitulée l’Hymne au travail, est à la fois laïque et religieuse par le sens donné à l’effort des Nazairiens au travail.
A l’intérieur, les vitraux ont été réalisés par le maître verrier Jean Barillet d’après les cartons de l’artiste peintre Serge Rezvani, le maitre autel et la cuve baptismale ont pour auteur le sculpteur Maxime-Adam Tessier, le christ en croix, Albert Schilling, et le tabernacle est l’œuvre de l’orfèvre François-Victor Hugo, arrière-petit-fils de Victor Hugo. Ainsi, l’église Sainte-Anne est représentative de la synthèse des arts et constitue un jalon important dans l’évolution de l’architecture religieuse à l’échelle du département. Dans un contexte plus général, elle témoigne des nouvelles réflexions sur l’espace liturgique, et notamment l’intégration des œuvres de grands artistes dans l’Eglise. Ces réflexions naissantes à la veille de la Seconde Guerre mondiale seront confirmées par le Concile de Vatican II dans les années 1960.
La salle omnisport dite la « Soucoupe », le pari de l’audace et de l’innovation
La « Soucoupe » est implantée sur le site de la Plaine des sports, au cœur de la ville. A l’origine, ce terrain était un grand marais qui empêchait toute extension urbaine et présentait des risques en termes de salubrité. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il est comblé et valorisé par la création d’un parc paysager de 26 hectares et d’un parc des sports de 20 hectares. L’étude des deux projets est confiée à l’architecte Roger Vissuzaine. Il travaille en collaboration avec le paysagiste Albert Audias pour le projet du Parc des sports et avec l’architecte René Rivière pour la salle omnisport. Pour cet équipement, la Ville veut un édifice doté d’une forme architecturale « révolutionnaire ». L’équipe d’architectes propose alors une construction en forme de calotte sphérique inclinée d’une surface de 1600 m².
Cette architecture audacieuse est permise grâce aux propriétés du béton armé et à l’utilisation de la technique dite « en voile de béton » adoptée afin de répartir le poids de la structure sur la coque. Ainsi, l’espace intérieur est ouvert sans aucune contrainte de mur porteur ou de pilier. La couverture est formée d’une armature de câbles suspendus en acier enrobés de plastique et d’un millefeuille de couches aux propriétés spécifiques : structure porteuse, isolation thermique, isolation phonique et étanchéité. Les matériaux sélectionnés sont légers mais résistants. Cependant, à cause de la nature du sol, les fondations sont renforcées par 166 pieux descendants à 20 mètres de profondeur. Les travaux commencés en 1963 s’achèvent en 1970. Le bâtiment peut accueillir 3 500 spectateurs. Par son architecture audacieuse et les innovations techniques utilisées, la salle omnisport la Soucoupe est un édifice exceptionnel, emblématique de Saint-Nazaire.